Le SAV de la course du Grand Prix d’Espagne 2014

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Le SAV de la course du Grand Prix d'Espagne 2014
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L’équipe du SAV de la F1 est revenue, dans un podcast en direct, sur la course du Grand Prix d’Espagne 2014 reportée par Lewis Hamilton (Mercedes), dont nous vous proposons le résumé grand format.

Si c’est la quatrième fois que Lewis Hamilton place sa Mercedes en pole position cette saison, une fois lâché pour son tour de formation, le pilote Britannique n’est plus aussi libre de ses mouvements que les fois précédentes : lors d’une réunion des pilotes avec la direction de course, Charlie Whiting a spécifié, suite notamment au Grand Prix de Chine, que le tour de chauffe devrait se faire à une vitesse plus élevée et plus stable. En contrepartie, les suiveurs devront ne pas laisser d’écart trop grand avec la voiture précédente et se mettre rapidement en place sur la grille. Quoi qu’il en soit, tout cela se passe sans encombre apparente. Excepté la Toro Rosso de Jean-Eric Vergne, montée en gommes Dures (flancs orange), toutes les monoplaces sont chaussées de pneus Médiums (flancs blancs), le plus tendres proposés par Pirelli ce week-end, alors qu’elles s’immobilisent sur la grille.

Une fois les embrayages relâchés, Lewis Hamilton conserve tranquillement la tête en prenant un bon envol. Comme en Chine, où il ne disposait toutefois pas de la télémétrie et donc ne pouvait se voir recommander les meilleurs paramètres par son ingénieur, son équipier Nico Rosberg peine davantage, mais parvient à conserver sa position face à la menace de Valtteri Bottas. Romain Grosjean, auteur d’un très bon décollage depuis la 5ème place, ne peut le transformer en gain de place, butant sur la vitesse de pointe supérieure de Daniel Ricciardo.

Si les premières courbes se passent sans encombre, la fin du premier tour permet à Pastor Maldonado, parti en fond de grille, de se signaler en tentant une attaque audacieuse sur Marcus Ericsson dans le virage 11, se soldant par un contact entre les deux monoplaces et par un saut de cabri de la Lotus frappée du numéro 13. Une collision dont le Vénézuélien sera jugé responsable dans la foulée par les commissaires : il devra s’immobiliser 5 secondes supplémentaires lors de son premier arrêt et se verra infliger, après la course, 1 point de pénalité sur sa Super Licence, portant son total à 4 unités.

Au premier passage sur la ligne de chronométrage, Lewis Hamilton devance donc Nico Rosberg, Valtteri Bottas, Daniel Ricciardo et Romain Grosjean. Le top 10 est complété par Kimi Räikkönen, Fernando Alonso, Felipe Massa, Nico Hülkenberg et Sergio Pérez. Sebastian Vettel, parti 15ème après une rupture de sa boîte de vitesses en Q3 et la pénalité consécutive à son remplacement non autorisé, l’est resté jusqu’à profiter d’une sortie au large de Kevin Magnussen, après une lutte côte à côte avec son coéquipier Jenson Button.

Les positions 1 à 15 du classement ne changent guère avant les premiers arrêts : seul Esteban Gutiérrez, 11ème, cède tour à tour face à Daniil Kvyat, Jenson Button et Sebastian Vettel. Autrement, c’est du côté des écarts qu’il faut voir les changements : après 10 tours, l’écart entre les Mercedes est de 2,3 secondes, mais Bottas, 3ème, est déjà relégué à 15,2 secondes du leader. Le Finlandais est talonné par Daniel Ricciardo, visiblement plus rapide, mais qui ne peut dépasser et décide donc de laisser un écart pour préserver ses gommes.

Depuis sa 13ème place, Sebastian Vettel est pour sa part à plus de 30 secondes de la tête et à 15 de son coéquipier. Sa progression étant freinée par Jenson Button, le quadruple Champion du Monde est le premier à être rappelé aux stands à la fin du 12ème tour, pour monter des pneus Durs. L’Allemand ouvre une course d’une grande diversité stratégique, rendue plus compliquée, d’après Paul Hembery, directeur de la compétition de Pirelli, par des changements de conditions météorologiques : « Nous avons vu quelques batailles excitantes à tous les niveaux du top 10 sur la fin de course, malgré la diversité des stratégies choisies par les pilotes. Cela souligne l’importance de la stratégie dans chaque course cette année, avec non seulement le nombre d’arrêts mais aussi l’ordre dans lequel les pneus sont utilisés qui font la différence. Après quelques averses dans la nuit, les températures de l’air et de la piste étaient plus fraîches aujourd’hui, et ç’a réduit l’écart entre les composés Dur et Médium, ajoutant un autre facteur à l’équation. Bien que Barcelone soit un des circuits les plus exigeants de l’année, l’usure et la dégradation des pneus étaient entièrement sous contrôle, comme en atteste le fait que la majorité des pilotes ait observé seulement deux arrêts. »

Nico Rosberg, quant à lui, est le dernier parmi les leaders à passer par les stands pour la première fois, après 21 boucles, soit 3 tours après son coéquipier. À la faveur de cet arrêt plus tardif, l’écart passe d’1,6 à 3,7 secondes après 22 tours, alors que l’arrêt du Britannique s’est révélé plus long. Mais l’Allemand réitère sa stratégie bahreïnie : monter les pneus les plus durs lors de son deuxième relais et se mettre en position d’attaquer Lewis Hamilton en fin de course. L’ingénieur de ce dernier le prévient : « Nous avons besoin de creuser l’écart de 4 secondes sur les 20 prochains tours », tandis que l’objectif présenté à son coéquipier est inverse : « Tu dois chercher à ramener l’écart à 2 secondes en fin de relais. »

Derrière les Mercedes, c’est Daniel Riccairdo qui pointe en 3ème position après cette première salve d’arrêts (+20,9 secondes à la fin du 22ème tour). Son arrêt après 14 tours l’a fait aisément dépasser Valtteri Bottas (+33,2). Suivent Romain Grosjean (+36,3), Kimi Räikkönen (+37,6), Fernando Alonso (+39,5), Felipe Massa (+40,9), Sebastian Vettel (+42,1) et Nico Hülkenberg (+43,9) pour ce qui est du top 10.

Le deuxième relais voit Romain Grosjean se faire avaler puis distancer par les Ferrari. Le Franco-Suisse alors est en proie avec un capteur défectueux qui a influé sur beaucoup d’autres systèmes de sa monoplace. « C’était une panne de capteur, qui a amené d’autres problèmes, » expliquera le pilote Lotus après la course à Autosport. « Je crois que nous étions sur cinq ou six cylindres selon ce qu’il décidait de faire. Nous l’avons perdu aux environs du 12ème tour. Cela créait d’autres problèmes, nous faisant perdre les passages rapides de rapports de boîte. » Malgré cela, l’E22 tiendra bon et terminera à une encourageante 8ème place, inscrivant ses 4 premiers points de la saison.

En tête, selon les critères précédemment posés par les ingénieurs par radio, Hamilton et Rosberg se neutralisent : aucun des deux n’atteint l’objectif fixé, puisque l’écart reste stable sur l’ensemble du deuxième relais, oscillant entre 2,8 et 4,5 secondes. Au tour précédent le second arrêt du natif de Stevenage, les deux Mercedes sont séparées de 3,9 secondes. Mais l’arrêt de la F1 W05 Hybrid numéro 44 est moyen et Hamilton reste immobilisé 1,3 seconde de plus que Rosberg, aux puits deux boucles plus tard. Malgré cela, l’écart remonte à 4,9 secondes du fait après les arrêts, alors qu’il reste 20 tours, du fait de la primeur de l’arrêt du britannique.

Derrière, les stratégies des uns et des autres se dessinent également : si une majorité, dont font partie Ricciardo, Bottas, Räikkönen, Grosjean et les Force India, tablent sur deux arrêts comme les Mercedes, Vettel et Alonso observent leur deuxième arrêt aux environs du 33ème tour et choisissent de passer une fois supplémentaire aux 52ème et 53ème passages respectivement. L’Allemand en profite d’ailleurs pour passer l’Espagnol alors qu’il est dans la voie des stands pour s’emparer de la 6ème place. Le top 10 une fois tous les arrêts effectués voit les deux Mercedes devancer Ricciardo (+44,5), Bottas (+1:03,2), Räikkönen (+1:10,5), Vettel (+1:13,4), Alonso (+1:15,6), Grosjean (+1:21,1), Pérez (+1:23,0) et Hülkenberg (+1:25,8).

Très vite, Sebastian Vettel dépasse Kimi Räikkönen pour la cinquième position, et plusieurs luttes se dessinent : celle pour la victoire entre les Mercedes est déjà en cours depuis le début de course et s’intensifie, Rosberg revenant à la faveur de son train de pneus plus frais et plus rapide ; le quadruple Champion du Monde revient sur Valtteri Bottas pour la 4ème place grâce à sa stratégie agressive ; Fernando Alonso, lui aussi en pneus frais, fond sur son équipier.

Pour ce qui est des Mercedes, la lutte est serrée : l’écart diminue irrégulièrement en oscillant selon le trafic des retardataires. La 63ème tour voit chacun des attaquants trouver son compte : Vettel et Alonso prennent le pas sur leur défenseur respectif, alors que Rosberg rentre dans l’intervalle d’activation du DRS. Mais lors des trois derniers tours, l’Allemand ne peut porter d’attaque franche sur l’Anglais et doit se contenter de la deuxième place pour la quatrième fois consécutive.

Le Britannique, dont le quatrième succès consécutif lui permet de prendre la tête du Championnat Pilotes, a dû batailler pour monter sur la plus haute marche : « Je n’étais vraiment pas assez rapide aujourd’hui, Nico était plus rapide. J’ai eu beaucoup de mal avec l’équilibre et j’ai vraiment dû bien plus compter sur mes ingénieurs pour me donner les écarts et essayer de trouver où gagner du temps. Et aussi sur mon volant, où je changeais les réglages pour essayer de trouver du temps. Mais Nico était simplement plus rapide ce week-end, et heureusement, j’ai pu le garder derrière moi. »

Plus en verve, Nico Rosberg préfère privilégier le positif de son week-end au résultat brut : « Malheureusement, le départ était mauvais. C’est une petite faiblesse que nous avons en ce moment, cela fait maintenant mon troisième mauvais départ. Et ça coûte cher, vous savez, parce que toujours rater son départ, ça n’est pas bon, nous devons y travailler. À part ça, je me suis senti confortable, la rythme était bon. La meilleure chose à faire était de changer de stratégie. C’était prévu avant la course. Ça s’est bien déroulé, à la perfection même, mais c’est un circuit où il est vraiment, vraiment difficile de se rapprocher d’un adversaire. J’étais quand même près dans le dernier tour, au virage 10. J’aurais pu tenter une manœuvre kamikaze, mais ça n’aurait pas marché. Lewis a fait un super boulot tout le week-end et s’est trouvé juste un petit peu devant. Mais il y a beaucoup de positif à en ramener pour moi. Je suis entièrement motivé pour essayer d’obtenir ce petit plus et le devancer la prochaine fois, et c’est faisable. »

Ayant réceptionné pour la deuxième fois le trophée du troisième, mais pouvant cette fois-ci le garder, Daniel Ricciardo s’est senti un peu seul une fois le premier arrêt passé : « Ce n’était pas exactement le départ que je voulais. Je pense que l’élancement était correcte, mais nous avons perdu un peu de motricité par la suite, Bottas m’a dépassé. Dans le premier relais, j’ai essayé de m’accrocher, j’ai eu, disons, une pseudo-tentative au premier virage. Je me suis porté à l’intérieur, mais je n’étais pas assez à sa hauteur pour compléter la manœuvre, et puis la suite s’est résumée à lui faire l’undercut [dépasser à la faveur d’un arrêt anticipé grâce aux pneus frais, ndlr] et à tenter de faire fonctionner une stratégie à deux arrêts. À partir de là, ç’a donc été une course solitaire. Malheureusement, nous n’allons pas rattraper Mercedes. Tout de moins, pas ce week-end, une troisième place en solitaire n’est donc pas un mauvais résultat au final. »

Quatrième, Sebastian Vettel s’est montré laudatif envers Mercedes mais pas résigné : « Mercedes est très forte : elle a un moteur phénoménal, deux très bons pilotes, une très bonne voiture et une très bonne équipe, ils font un bon boulot et il serait mal de se plaindre et de geindre à propos de leur domination. Ils ont travaillé mieux que quiconque cet hiver et méritent d’être à cette position. Espérons, de notre point de vue, que plutôt tôt que tard nous leur rendrons la vie dure – c’est notre motivation. J’espère que dans quelques temps nous pourrons les rattraper et, comme je l’ai dit, leur en donner pour leur argent. »

L’Allemand est suivi au classement par Valtteri Bottas, Fernando Alonso, Kimi Räikkönen et Romain Grosjean. Sixième à domicile, l’Espagnol ne se déclare pas surpris de la claque que consiste une arrivée à presque un tour du vainqueur : « Bien sûr, j’aurais voulu faire mieux pour ma course à domicile, mais je savais dès le départ que ce serait difficile. Notre rythme était trop bas par rapport aux leaders et par dessus tout, ne pas améliorer notre position au départ n’a pas aidé. L’écart avec les meilleurs n’est pas nouveau et le résultat d’aujourd’hui confirme le fait que nos rivaux soient forts aussi bien sur les fronts de la performance que de la fiabilité, mais jusqu’à ce qu’il soit mathématiquement impossible de les rattraper, nous continuerons d’y croire et de faire tout ce que nous pouvons pour revenir. »

Les Force India de Sergio Pérez et Nico Hülkenberg complètent le top 10 dans cet ordre, au portes duquel les deux McLaren ont échoué, marquant une troisième course consécutive sans points pour l’écurie britannique. Pourtant, Eric Boullier a vu dans ce week-end en Catalogne un regain de forme : « Hier, notre forme en qualifications a monté que nous avions fait un petit pas en avant en termes de performance, bien que ces progrès soient en quelque sortes restés masqués par le soucis de moteur hybride qui a empêché Kevin de signer un temps en Q2. Aujourd’hui, nous n’avons pas pu transformer ce pas en points, en majeure partie en résutlat de la perte de quelques places de Jenson au premier tour et du départ de Kevin de la 14ème sans que la faute soit sienne. […] Nous savons que notre quête vers la compétitivité ne sera pas brève, mais il est déjà clair que la tendance va dans la bonne direction. »

Derrière les MP4-29, Felipe Massa, dont les pneus se sont fortement dégradés malgré une stratégie à 3 arrêts, a terminé 13ème, devant Daniil Kvyat, Pastor Maldonado et les Sauber d’Adrian Sutil et Esteban Gutiérrez. Dans la lutte entre les Marussia et les Caterham, c’est Jules Bianchi qui a remporté la timbale en devançant à l’arrivée son coéquipier Max Chilton et le débutant Marcus Ericsson, qui ferme la marche.

À noter les abandons de Kamui Kobayashi, sur une effrayante défaillance de ses freins en bout de ligne droite des stands lors de son 34ème tour, ainsi que de Jean-Eric Vergne pour des problèmes d’échappement. Le Français, se voulant philosophe sur son abandon, a profité de l’occasion pour modérer ses propos de la veille tenus à chaud, où il fustigeait la pénalité qui lui faisait payer personnellement une erreur de son équipe : « Quelqu’un m’a demandé si je me sentais persécuté par la malchance en ce moment. Cela peut paraître le cas, mais cela fait partie du jeu. Je fais toujours tout ce que je peux, mon équipe travail vraiment dur et des problèmes peuvent survenir. Pour la pénalité de 10 places, je ne blâme personne. Quand j’accidente la voiture, c’est l’équipe qui paye mon erreur, cela fait donc partie de la course. Aujourd’hui, j’étais vraiment déterminé à faire une bonne course, contre tous les pronostics. Le premier relais était plutôt difficile parce que j’ai eu un problème avec le frein avant gauche qui a provoqué des blocages de roue, mais le rythme semblait vraiment bon avec les pneus Médiums, jusqu’au problème d’échappement qui a mis fin à ma course. Je reste persuadé que j’aurai ma chance. Je pilote une voiture de Formule 1 et j’apprécie de le faire, quoi qu’il arrive ! »

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