F1 2020 – La critique en mode décontracté et pro

C2ric – du blog Raoul the cat – connaît ma passion pour la Formule 1. C’est donc tout naturellement, et je l’en remercie, qu’il s’est tourné vers moi pour mettre à l’épreuve F1 2020, édité par Codemasters. Pourtant, je dois avouer avoir une histoire assez contrariée avec les jeux de Formule 1 : en m’attelant aux premières moutures de Codemasters – éditeur officiel depuis 2009 -, je me suis rappelé que je me lassais assez vite de tourner seul, tant et si bien que F1 2011 fut mon dernier achat avant de longues années.

L’envie de « jouer à la F1 » est récemment revenue grâce à mes petits camarades du SAV qui s’amusent régulièrement dans le SAV Steam Championship – SSC pour les intimes. Hélas, n’ayant qu’une PS3 vieillissante sous la main et pas le budget pour investir dans du matériel digne de ce nom, je me contentais de les regarder faire, en les jalousant… jusqu’à ce que ma femme m’offre F1 2018, édition PC, pour Noël.

**raclement de gorge**

Je passe sur mon ordinateur neurasthénique – qui n’était clairement pas en mesure de faire tourner le jeu – et sur ma manette qui penchait plus à gauche que l’Union Soviétique, pour m’attarder sur le pilotage qui, par rapport à mon expérience passée, nécessitait une bien meilleure maîtrise de la progressivité de l’accélérateur et du frein. En bref, je partais dans tous les sens, sans jamais parvenir à boucler un tour correct. Au lieu de me détendre, jouer à F1 2018 m’énervait au plus au point tant la frustration était grande : j’ai donc rapidement lâché l’affaire en me disant que j’étais trop vieux pour ces conneries. Le jeu doit traîner quelque part dans l’appartement si ça intéresse quelqu’un.

En effet, l’évolution du jeu et de la F1 au cours de ces quelques années, ont fait qu’il y avait trop de choses à gérer entre le gameplay plus précis, les pneus, le DRS, l’ERS, les réglages, etc. Ainsi m’étais-je juré de ne plus toucher à un jeu de F1, aussi bien pour ma santé mentale que pour préserver ma pression artérielle.

Pourtant, après avoir fait l’acquisition d’une Xbox One, j’ai craqué pour F1 2019 : j’avais en effet eu l’occasion d’y jouer, au volant, avec les copains du SAV dans les coulisses des SAV d’Or et je ne m’étais pas trouvé si mauvais que ça. Les sensations étaient suffisamment bonnes pour m’inciter à investir dans un volant Logitech G920, même si, après plusieurs heures de roulage, j’avais toujours l’impression d’être nul, tant il me fallait de tours pour maîtriser ces bolides et y prendre du plaisir.

Le problème vient des aides au pilotage qui, une fois activées, ne permettent pas de se sentir véritablement en contrôle de la voiture. J’ai toujours le sentiment, quand elles sont activées, que l’on freine ou que l’on tourne à ma place : c’est pour ça que je me retrouve avec une voiture compliquée à piloter, dans la mesure où je préfère me passer des aides. Si c’est très satisfaisant lorsque l’on arrive à boucler une série de tours à Singapour, sans être à la rue, c’est très frustrant au regard de l’énergie nécessaire pour parvenir à prendre du plaisir.

Je n’étais donc pas parti pour acheter F1 2020, d’autant que, sans crossplay, je ne pouvais pas jouer avec mes copains qui sont tous dans le team PC. Et ça aurait été dommage…

Le F1, en mode décontracté

En effet, discrètement, F1 2020 introduit ce qui, pour moi, est une petite révolution dans la gestion des aides au pilotage en proposant au joueur de choisir entre le mode « standard » et le mode « décontracté ». Dans ce dernier, l’éventail des aides est épuré et le comportement de la monoplace est davantage typé arcade.

Aucune description disponible.

C’est le mode idéal pour ceux qui découvrent les jeux de F1 ou qui, comme moi, s’y remettent après quelques années d’inactivité. Il permet d’apprivoiser la vitesse et de s’approprier les circuits et les différentes fonctionnalités liées aux F1 modernes, sans connaître la frustration d’une voiture qui part en sucette dès que l’accélération est un poil trop brusque. Là, je peux enfin enchaîner les tours, progresser dans ma compréhension du circuit et de la voiture, sans me sentir complètement assisté par les aides, sans me sentir nul. C’est la F1 décontractée, sans prise de tête, pour ceux qui n’ont pas envie d’y consacrer des dizaines voire des centaines d’heures. Ça offre la possibilité de progresser par la réussite plutôt que par l’échec.

Ça va dans le sens d’autres nouveautés qui permettent d’améliorer le confort des pilotes en herbe, comme par exemple la possibilité d’afficher en permanence une vue arrière, ce qui permet de faire l’économie d’une quelconque manipulation pour jeter un coup d’œil sur son poursuivant. Il en va de même pour la gestion du système de récupération d’énergie ERS, qui est simplifié, ou du déclenchement du DRS qui peut être automatisé. L’objectif, c’est d’amener le joueur à se concentrer sur le pilotage avant d’intégrer, de façon graduelle, les diverses fonctionnalités qui viennent « complexifier » l’exercice.

Je ne peux que saluer l’initiative d’autant qu’elle ne semble pas se faire au détriment des hardcore racers, bien au contraire. Ces derniers ne sont en effet pas en reste puisque Codemasters a également introduit un réglage « pro » pour les aides, ce qui doit correspondre au niveau de réalisme maximum : vous comprendrez que je ne puisse pas m’attarder dessus pour le moment.

Une image contenant extérieur, herbe, camion, assis

Description générée automatiquement

En faisant cela, Codemasters élargit le spectre des joueurs potentiels et crée les conditions pour que chacun y trouve son compte tout en partageant le plaisir de jouer, comme en témoigne le retour d’un mode « écran partagé ». La prochaine étape serait de faciliter l’accès aux réglages, avec une approche plus pédagogique en s’inspirant de ce que propose un Project Cars 2 par exemple.

Une bonne évolution de F1 2019

Pour le reste, F1 2020 est essentiellement une évolution du cru précédent. On y retrouve les nouvelles voitures avec des patchs à venir pour actualiser les livrées des écuries Williams, McLaren et Mercedes.

Même si la saison de Formule Un a été bouleversée par le COVID-19, avec de nombreuses courses annulées, on retrouve l’intégralité du calendrier tel qu’il était initialement prévu, avec notamment l’arrivée de deux nouveaux tracés :

  • Hanoï (Vietnam) : un circuit urbain qui se caractérise par son apparente étroitesse et sa rapidité. Assez spectaculaire, il n’est pas sans rappeler le circuit coréen de Yeongam, avec une première moitié de tour très rapide, et une seconde plus sinueuse et technique, tout en restant très véloce, à l’image du dernier secteur du peu regretté circuit urbain de Valence.
  • Zandvoort (Pays-Bas) : un circuit historique qui fait son retour au calendrier après plus de 30 ans d’absence. Peu propice aux dépassements, le tracé, monstrueux, est aussi satisfaisant qu’une glace italienne pendant un été de canicule : on s’amuse à chercher les portions de plat dans l’espoir de pouvoir, à un moment donné, reprendre sa respiration, ce que l’on n’arrive à faire qu’une fois atteint le dernier virage, en banking. En vrai, il faudra attendre 2021 pour se rendre sur les terres de Max Verstappen : je vous invite d’ores et déjà à bloquer votre week-end.

Le calendrier peut être réduit en mode carrière, pour progresser plus vite. Dans la vraie vie, si la saison a été profondément remaniée et, pour l’heure, réduite, il n’est pas prévu d’adapter le calendrier actuel, même si je pense que Codemasters pourrait facilement proposer cette alternative. En tout cas, certains circuits pressentis pour accueillir une course (Mugello en Italie ou encore Portimao au Portugal) ne pourront pas être intégrés.

Côté pilotes, peu de changement, si ce n’est le retour en F1 d’Esteban Ocon chez Renault et l’arrivée du canadien Nicholas Latifi chez Williams. Ce dernier, comme bon nombre de ceux qui l’ont précédé, vient tout droit de la Formule 2… où il a passé quelques saisons.

Après avoir été introduite dans l’édition 2019, cette formule de promotion se forge une vraie place dans le cru 2020. On était effectivement resté un peu sur notre faim puisque l’aventure F2 était extrêmement limitée en mode carrière. S’il est toujours possible de commencer sa carrière par une simple initiation à la F2, il est désormais possible de faire une saison complète voire pourquoi pas de commencer directement par la F1. On se demande alors pourquoi avoir attendu pour nous offrir cette possibilité, tout comme on peut regretter que Codemasters n’en ait pas profité pour introduire la Formule 3 afin de proposer un mode carrière vraiment complet, d’autant que les F3 sont des petits bolides extrêmement intéressants.

Concernant la F2, comme il s’agit d’introduire la saison 2020, ce sont les pilotes de la saison 2019 que l’on retrouve, ce qui fait l’on croisera Latifi aussi bien en Formule 2 qu’en catégorie reine. C’est l’occasion aussi d’honorer Anthoine Hubert, à qui vous pourrez offrir un baquet de F1, à vos côtés, dans le mode My Team.

Sur les traces de Jack Brabham

En 1966, l’Australien Jack Brabham devient pour la troisième fois champion du monde de Formule 1. Mais après deux titres acquis sur une Cooper-Climax, c’est sur une monoplace frappée de son nom que le désormais pilote-propriétaire monte au sommet de l’Olympe. Cinquante-quatre ans plus tard, Codemasters vous propose d’imiter la légende en introduisant un nouveau mode de jeu : My Team / Mon écurie.

Même si je pense que Codemasters aurait pu davantage communiquer sur son mode décontracté, « My Team » est l’attraction de F1 2020. Concrètement, il s’agit de disputer le mode carrière au sein de votre propre écurie : choix des fournisseurs et de votre coéquipier, gestion des contrats de sponsoring, du développement et de l’agenda de l’écurie, telles sont vos nouvelles missions, sans oublier les options de personnalisation qui vont naturellement avec.

En tant que fan de Formule 1, je ne peux que me féliciter que soit ainsi mis à l’honneur ce qui fait fondamentalement la réussite d’une écurie – bien plus qu’un pilote : le management. Ce mode qui allie pilotage et gestion d’équipe, apparaît comme un vrai outil d’immersion dans la réalité de la F1 et de ses enjeux. Ainsi, lorsqu’on choisit un sponsor, il y a des bonus financiers qui sont associés à des objectifs qui ne sont pas toujours d’ordre sportif : par exemple, un sponsor qui demande à ce qu’on parcourt au moins 50 tours pendant un week-end pour assurer sa visibilité.

Reste à voir quel est le niveau de réalisme proposé. De prime abord, on reste sur quelque chose d’assez limité même s’il propose un assez bon compromis entre le pilotage et la gestion. La seule crainte que je pourrais avoir c’est que ce mode s’inscrive dans une progression linéaire et ascendante : à termes, il ne sera véritablement intéressant que s’il nous offre la possibilité d’expérimenter les aléas d’une équipe, faites de hauts et de bas.

Après un Grand Prix disputé dans ce mode, ça offre une perspective intéressante même si la plus-value en termes de jeu n’est pas encore très claire en matière de développement ou de progression générale de l’équipe.

Une édition doublement historique… à la mémoire courte

Si F1 2020 crée l’évènement par certaines de ses fonctionnalités, même si ça reste limité au landernau de la F1, ce douzième opus de Codemasters était l’occasion de célébrer le 70ème anniversaire de la Formule Un. Hélas, l’éditeur de Southam n’assure même pas le service minimum. En dehors d’une livrée spéciale anniversaire, le joueur se voit offrir un garage de voitures classiques pour la plupart déjà vues lors des précédentes éditions (standard ou spécial). On aurait apprécié voir des voitures iconiques comme la Leyton House de 1991 ou la Tyrrell P34 à six roues. Même sans ça, ils auraient pu nous proposer la première voiture de chaque écurie actuellement engagée. Visiblement, c’est sur le dixième anniversaire de la F1 sauce Codemasters, avec F1 2019, qu’ils avaient concentrés leurs efforts : pour F1 2020, ils capitalisent simplement ce qui a pu être développé à cette occasion. A défaut de nouvelles voitures qui nécessitent sans doute beaucoup de développement, juste histoire de marquer le coup, on aurait apprécié des archives de la F1, des highlights, etc.

Et Schumi dans tout ça, me direz-vous ? En effet, après Prost/Senna en 2019, Codemasters a dédié son édition spéciale – plus chère donc – au sextuple champion du monde avec, à la clé :

  • un avatar de Michael Schumacher ;
  • des livrées et combinaisons spéciales ;
  • 4 voitures : la Jordan 191 avec laquelle il a participé à son 1er Grand Prix, les Benetton B194 et B195 avec lesquelles il a coiffé ses deux premières couronnes et la Ferrari F1-2000 avec laquelle il a cueilli son premier titre en rouge.

Là aussi, ça paraît un peu léger, même si, pour le coup, Codemasters nous propose 3 voitures inédites dont la Jordan qui n’est pas une monoplace de premier plan. De manière générale, sur ce genre de contenu, on aimerait avoir autre chose que des combinaisons ou livrées collectors. Par exemple, Schumacher étant en activité jusqu’en 2012 sur des circuits similaires à ceux qui sont aujourd’hui au calendrier, j’aurais aimé pouvoir me confronter à son « fantôme » à bord d’une Mercedes de 2012. Ça requiert plus de développement mais ça donnerait une véritable plus-value aux éditions collectors ou DLC.


D’année en année, Codemasters améliore son jeu par petites touches. Malgré le faible historique qui est le mien, j’ai le sentiment que l’édition 2020 marque une évolution significative en proposant non seulement un nouveau mode de jeux mais surtout des options de jouabilité supplémentaires afin de s’offrir au plus grand nombre possible. Le passionné que je suis regrettera cependant que Codemasters soit passé à côté de l’opportunité que représentait le 70ème anniversaire de la discipline pour en explorer davantage la riche histoire.


Jeu offert par l’éditeur pour la réalisation de ce test.

Le texte de l’article a initialement été publié sur le blog Raoul the cat. Le test est réalisé par @Dinoscope sur XboxOne S All Digital.

Les vidéos ont été réalisées exclusivement pour le SAV. Le test a été réalisé par @fab et @benlop sur PC.

4 Comments

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