Les essais au banc présumés de Red Bull sont légaux

Le magazine Bild a déclenché un début de polémique en rapportant que Red Bull avait effectué plusieurs journées d’essais sur un banc d’essais à tapis roulant pour améliorer le moteur Renault. Pourtant, cela n’a pas lieu d’être au vu des règlements en vigueur. Nos explications.

Après l’affaire des débitmètres, Red Bull est de retour dans les colonnes polémiques de la Formule 1 en raison d’une information publiée par le magazine Bild. Selon la publication allemande, Red Bull et Renault auraient procédé dans le plus grand secret – jusqu’à cette semaine – au roulage d’un châssis, dépourvu d’ailerons avant et arrière, dans les locaux de la société AVL, à Graz en Autriche, et ce entre les derniers essais de pré-saison et le Grand Prix d’Australie. Cette compagnie dispose notamment d’un banc d’essais moteur grandeur nature permettant de faire rouler une voiture sur un tapis roulant afin de tester le bloc propulseur.

Bien évidemment, cette information a été reprise par nombre de publications, déclenchant un début de polémique – que nous avons nous-mêmes commenté dans notre podcast publié aujourd’hui et enregistré hier soir – dont certains aiment faire leurs choux gras. Mais peu se sont chargés d’aller vérifier la légalité de la chose, ce que nous avons fait.

Dans le règlement sportif 2014, les différentes simulations auxquelles les écuries de Formule peuvent faire appel sont régies par l’Annexe 8. Or, cet annexe ne régule spécifiquement que les essais en soufflerie, limités notamment au niveau du temps de roulage, de l’échelle des maquettes et de la vitesse de l’air, et l’utilisation de simulations aérodynamiques via des logiciels de CFD, en limitant la puissance totale de calcul et la durée totale des simulations. De plus, des exceptions sont clairement spécifiées pour exclure certains tests, effectués sur d’autres bancs d’essais, de la définition d’essais en soufflerie à partir du moment où ils n’ont pas vocation au développement aérodynamique.

Notamment, l’article 5.2 de cette annexe précise : « Le travail en banc moteur […] avec une voiture de F1 ou un sous-assemblage peut-être effectué (et par conséquent se trouve en dehors de la définition de essais restreints en soufflerie) à partir du moment où :
a) la carrosserie utilisée pendant le test n’a pas d’aileron avant […] et d’aileron arrière […] ;
b) aucun dispositif conçu pour mesurer, directement ou indirectement, des forces aérodynamiques ou des caractéristiques du flux n’est installé dans les locaux utilisés ;
c) aucun capteur installé sur la voiture ou son sous-assemblage qui soit capable de mesurer des déplacements, des pressions ou des directions du flux d’un écoulement d’air […] n’est enregistré. […] ;
d) le flux de gaz sortant du système d’échappement est évacué de l’aire de test avant d’impacter quelque élément de carrosserie que ce soit (autre que l’échappement lui-même) »

En clair, à partir du moment où de tels tests n’ont pas de but aérodynamique, ce dont on s’assure en interdisant les ailerons avant et arrière, en limitant l’usage des capteurs et en recueillant les gaz d’échappement avant qu’ils influent sur le flux d’air, ils sont parfaitement autorisés, et ne sont même sujets à aucune restriction. Par conséquent, à partir du moment où ces prérogatives ont été respectées, Red Bull est entièrement dans la légalité.

Cela dit, une telle absence manifeste de limitation, qui peut mener à des excès, fait un peu tâche au moment même ou l’ensemble du F1 Circus cherche à limiter ses coûts. Et bien que Red Bull soit lavée de tout soupçon, cela ne manquera pas de faire parler.

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